Résoudre les problèmes sociétaux auxquels la planète fait face aujourd’hui à travers les canaux classiques a montré ses limites. Les gouvernements sont consumés par les priorités d’assurer stabilité politique et économique, les ONGs sont à court de moyens ou/et d’expertise pour produire un impact à large échelle, et les firmes privées sont souvent fortement orientées vers la réalisation de gain financier et de croissance économique continue.
Ces problèmes d’ordre public tels que la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable, à l’énergie…, ne sont pas souvent résolus de manière efficace et efficiente par les acteurs publics ou les institutions privées de par leur complexité, leur interdépendance, et leur étendue spatiale et temporelle importante.
Au cours des quinze dernières années, une génération particulièrement intéressante est apparue, formée de jeunes gens passionnés, courageux et particulièrement hors du commun. On les appelle les Entrepreneurs Sociaux (Social Entrepreneurs). Ces personnes sont souvent qualifiées par le commun des mortels de « rêveurs qui veulent changer le monde » ou de « sur-optimistes idéalistes ». Mais ces personnes sont aussi dotées d’une intelligence remarquable et d’une capacité d’innovation et de créativité respectable.
Les entrepreneurs sociaux inventent des solutions innovantes au type de problèmes sociaux et environnementaux où les acteurs classiques ont échoué à apporter des réponses. Ce processus est dénommé Innovation Sociale. Comme son nom l’indique, l’innovation sociale est un type d’innovation dont l’objectif est de résoudre un problème social. Dans la littérature, ce concept est défini comme étant une solution innovante à un problème social qui est plus efficace, plus efficiente, plus durable ou plus juste que les solutions existantes, et pour laquelle la valeur créée bénéficie principalement à la société en entier plutôt qu’à des individus particuliers (Phills, Deiglmeier, and Miller, 2008).
En Afrique, où les défis sociaux sont profonds, l’innovation sociale est perçue comme un levier dont le potentiel de transformer la vie des populations est immense. Tant au niveau des inégalités qu’au niveau de la pauvreté, de l’emploi, de la santé infantile, etc., des projets sociaux innovants sont aujourd’hui en train d’émerger, lentement, mais sûrement, pour répondre à certains besoins humains des plus basiques. Quelques exemples d’innovations sociales portées par des étudiants Marocains incluent Go Energyless, un projet qui propose des réfrigérateurs écolos en argile, financièrement abordables et adaptés aux climats les plus arides ; Saqya, une entreprise qui produit et commercialise des systèmes de micro-irrigation, sous forme de pots en argile écologiques et abordables, pour les petits agriculteurs ; et Shem’s, un business social qui produit et vend des ampoules solaires fabriquées à partir de bouteilles en plastique recyclées, pour n’en citer que quelques-uns. Mais le chemin est encore long, à ces entrepreneurs sociaux il faut encore et constamment coaching, accompagnement, assistance au financement et levée de fonds, et surtout, à porter le projet à grande échelle (scalability). A suivre…