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Le concept « classe moyenne » est simple à comprendre mais sa définition exacte n’est pas si évidente que cela :
- Le Haut-Commissariat au Plan parle de ménages avec un revenu moyen autour de 4 300 DH mensuels
- La Banque Africaine de Développement et la Banque Asiatique de Développement ont publié des études sur les classes moyennes avec un intervalle entre 2 et 20 dollars par individu (en parité de pouvoir d’achat). Ainsi, pour un foyer de 4 personnes cela équivaut à un revenu mensuel entre 320 et 3 200 dollars
- L’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) se réfère à un intervalle de revenus entre 10 à 100 dollars mensuels (en parité de pouvoir d’achat). Ainsi, pour un foyer de 4 personnes cela équivaut à un revenu mensuel entre 1 200 et 12 000 dollars.
Pour faire simple, une classe moyenne est définie par ce qu’elle n’est pas : Elle n’est ni riche ni pauvre !
Plusieurs articles sont disponibles sur la situation de la classe moyenne marocaine. Récemment, Media24 a bien présenté le malaise de cette classe au Maroc et EcoActu a mis la lumière sur l’absence de mesures fiscales pour les parents supportant les frais d’enseignement de leurs enfants. En gros, les revenus de cette classe progressent faiblement contrairement à ses dépenses (logement, transport, éducation, santé, pression fiscale…). Dans un contexte économique et social tendu, l’Etat marocain donne évidement la priorité aux couches pauvres et vulnérables qu’il voudrait supporter par des programmes d’aides ciblés après le démantèlement de la compensation (qui profite aujourd’hui bien sûr aux couches moyennes, entre autres).
Je comprends la logique de l’Etat de traiter ce qui est plus urgent en premier. Pour autant, le grand perdant au final sera la classe moyenne et par transitivité le pays en entier.
Pourquoi ?
- Les classes pauvres et vulnérables bénéficieront dans le futur proche d’aides ciblées (si tout va bien) et, de manière relative, du service public (enseignement, santé, transport…) même si la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Au final, elles ne perdraient pas tellement au change comparativement ;
- Les classes aisées : Côté compensation, elles sont lésées mais rapporté à la leurs revenus, l’impact n’est pas important d’une manière relative. Par ailleurs, cette frange de la population a déjà peu de recours au service public ;
- Les classes moyennes : Sont dans un équilibre fragile aujourd’hui. Avec le désengagement de l’état, elles doivent prendre en charge l’enseignement, la santé, le transport… Si cette tendance continue, une partie de cette couche risque très facilement de glisser vers les couches inférieures laissant le pays avec une minorité fortunée et une masse dans la vulnérabilité et la pauvreté ce qui serait très dangereux pour la stabilité et le développement de notre pays.
Les classes moyennes constituent un moteur de la consommation et de la demande intérieure, elles jouent aussi un rôle social déterminant. J’ai l’impression qu’elles sont le dernier des soucis du gouvernement actuellement. Le projet de loi de finance 2019 est supposé accorder une grande importance aux politiques sociales, nous verrons si l’urgence et la pression l’emporteront sur les intérêts du pays à moyen terme.